Crimes en hausse, des profils de menace constants? Les violences queerphobes dans le viseur de la police de berlin
Les crimes queerphobes en cours de traitement par le parquet
Attaques contre les Établissements de la communauté LGBTQIA+? Une nouvelle menace pour la société civile?
Hostilités croissantes envers la communaute LGBTQIA+ les perspectives des registres berliois
Discrimination et violence biphobe: expérience et gestion
Propagation et non-dénonciation de la discrimination et de la violence BIphobe à Berlin
Berlin est-elle la capitale arc-en-ciel d’un pays arc-en-ciel? La LGBTQIA+-phobie en allemagne en comparaison européenne
Crimes en hausse, des profils de menace constants? Les violences queerphobes dans le viseur de la police de berlin
Pour les délits et violences queerphobes, la tendance à la hausse se poursuit inexorablement. Avec 588 délits1 en 2023, le nombre de cas recensés par la police atteint un nouveau record.
- En 2023, le nombre de délits queerphobes à Berlin atteint un nouveau record avec 588 cas recensés. Le nombre des actes de violence avait atteint un record en 2022 avec 148 cas recensés et se maintient, avec 127 cas, à un niveau très élevé.
- Traditionnellement, la part des délits queerphobes à Berlin avait toujours été importante par rapport à la moyenne nationale. Cette part régionale est cependant en recul car l’exemple berlinois a fait école et que les autres länder recensent un nombre croissant de cas.
Grâce à la nouvelle sous-catégorie « diversité de genre », introduite en 2022, de nombreux incidents ont d’ores et déjà pu être saisis ce qui, rétrospectivement, justifie le développement du service de signalement de la police judiciaire au vu de la transphobie. Les injures, les agressions physiques et les incitations à la haine continuent à constituer des délits très répandus au sein de la criminalité queerphobe. De même, les quartiers urbains centraux avec une vie queer active, notamment les espaces publics et les transports en commun, sont encore et toujours des lieux de délit fréquents. Près d’un délit sur cinq est lié au cyberespace.
- La sous-catégorie « diversité de genre » n’a été introduite qu’en 2022 au sein du service de signalement de la police judiciaire parmi les crimes à motivation politique. Depuis, de nombreux incidents ont été recensés, à savoir 175 pour l’année 2023 seule. Ce chiffre, ainsi que la forte progression de 53,5 % par rapport à l’année précédente, reflète la prépondérance des crimes transphobes.
- Les injures (45,4 %), les blessures (dangereuses) (21,0 %) et l’incitation à la haine (7,1 %) constituent, de nouveau en 2023, la plupart des délits queerphobes perpétrés.
- C’est dans les quartiers du centre à forte densité (à savoir Mitte, Tempelhof-Schöneberg, Friedrichshain-Kreuzberg et Charlottenburg-Wilmersdorf) que la police continue à enregistrer la plupart des délits queerphobes. Le lien marqué entre visibilité de la vie queer et fréquence des délits semble donc se confirmer.
- En 2023, la moitié des délits queerphobes recensés se sont déroulés dans l’espace public (44,6 %) et les transports en commun (11,2 %). Toutefois, des lieux plus fermés comme les immeubles d’habitation (20,7 %), les infrastructures de loisirs/commerces/restaurants (9,9 %) ou les établissements d’enseignement (3,9 %) servent également de lieux de crime. Près d’un délit sur cinq (17,9 %) est commis en ligne par le biais d’Internet.
- Les délits queerphobes se commettent quel que soit le jour de la semaine mais les weekends avec leur vie nocturne active se distinguent généralement par une nette prépondérance de délits queerphobes.
La part très élevée d’hommes parmi les personnes suspectes de délits queerphobes est frappante, notamment pour les délits violents (92,4 % en 2023). On y retrouve tous les groupes d’âge mais la tranche des 30 à 39 ans y est nettement sur-représentée. Les délits sont souvent commis de façon spontanée par des individus agissant seuls et s’inscrivent dans le quotidien de la vie urbaine.
- Les personnes suspectes identifiées par la police sont presque tous des hommes, en particulier pour les délits violents. Les crimes à caractères queerphobes sont loin d’être un phénomène de délinquance juvénile puisque les tranches d’âge se répartissent depuis les mineurs de moins de 18 ans (12,7 %) jusqu’aux plus de 60 ans (12,1 %), les 30 à 39 ans étant les plus représentés (21,7 %).
- Les délits à caractère queerphobe sont souvent commis par des individus agissant seuls dans le cadre de situations quotidiennes habituelles (58,5 %). Les actes plus coordonnés, commis en groupe, existent mais ne constituent pas le mode caractéristique des incidents à Berlin.
- De nombreuses personnes suspectes identifiées sont connues des services de police. Pour une grande majorité d’entre eux (78,0 %), la police dispose d’informations préalables. Il s’agit souvent d’antécédents dans le domaine de la criminalité générale (47,1 %), mais pour près d’un tiers des suspects (30,9 %), il s’agit également ou exclusivement d’antécédents dans le domaine de la criminalité contre l’État qui comprend les délits à motivation politique.
Les actes de violence queerphobes sont très majoritairement dirigés contre des victimes dites aléatoires, c’est-à-dire avec lesquelles aucune relation personnelle n’existait auparavant. Parmi les victimes, les hommes sont particulièrement nombreux, dans une moindre mesure, toutefois, que parmi les personnes suspectes. Actuellement, la répartition entre hommes et femmes n’évolue guère, avec cependant, si ce n’est qu’à un faible niveau, une part de victimes se déclarant comme diverses en hausse.
- La plupart des victimes de violence queer sont recensées par la police comme « victimes aléatoires », c’est-à dire choisies au hasard. Il n’existait donc pas de relation préalable entre suspect·e et victime, et le délit s’est déroulé entre personnes inconnues. On observe un phénomène inverse pour les délits non-violents où l’on constate une sélection ciblée des victimes, notamment lors d’infractions dirigées contre des cibles des catégories « police, État et partis politiques » ou « communautés religieuses ».
- Parmi les victimes des délits anti-queer recensés par la police, les hommes sont nettement surreprésentés. Au cours des dernières années, leur part dépassait parfois largement les 70%, pour atteindre 71,3% en 2023. En revanche, avec 23,6% pour l’année 2023, la part des femmes victimes est nettement plus faible. La proportion de personnes de sexe divers victimes de délits queerphobes est relativement faible, mais elle est en progression depuis quelques années, passant de 1,3% en 2021 à 2,0% en 2022 et à 3,3% en 2023. Les personnes de la tranche d’âge de 21 à 39 ans sont particulièrement fréquentes parmi les victimes enregistrées.
Les crimes queerphobes en cours de traitement par le parquet
En 2023, le parquet judiciaire de Berlin a enregistré et traité un plus grand nombre de délits contre l’orientation sexuelle que jamais auparavant, à savoir 791 nouvelle procédures. Le nombre de délits recensés à caractère queerphobe montre donc une nette tendance à la hausse qui toutefois ne se manifeste pas de façon continue mais plutôt par paliers.
- Avec 791 procédures introduites, l’année 2023 marque un record depuis le début du recensement pénal des délits contre l’orientation sexuelle en 2018. Ce chiffre correspond à une progression de 31,2 % par rapport aux 603 procédures introduites l’année précédente.
- Sur l’ensemble des années passées, on observe une évolution échelonnée et par paliers du nombre de procédures pénales, avec des phases de progression alternant avec des phases de stabilité et, toutefois, une nette tendance à la hausse.
- On constate que depuis le début du recensement, la plupart des procédures judiciaires sont des procédures du type « Js » où les suspect·e·s ont été déterminé·e·s et sont donc connu·e·s des autorités. Dans de nombreux cas néanmoins les accusé·e·s sont inconnu·e·s des services. Ils représentaient 354 contre 437 cas de suspect·e·s connu·e·s pour l’année 2023.
Le Parquet traite de nombreux cas d’insultes homophobes (41,7 % des cas recensés), mais aussi, dans une large mesure, des délits de coups et blessures (29,4 % en 2022, 19,8 % en 2023) ainsi que des menaces (11,9 %).
- Avec plus de 40 % des procédures (41,3 % en 2022 et 41,7 % en 2023), les insultes sont particulièrement répandues en tant qu’infraction principale au sein d’une procédure (infraction dite « de comptage » ou infraction principale, cf. Zähldelikt et führendes Delikt).
- Pour le parquet judiciaire, les délits queerphobes ne se limitent pas aux délits d’expression. On constate également un nombre important d’actes de violence. Les lésions corporelles simples (§ 223 du code pénal d’Allemagne) et les lésions corporelles dangereuses (§ 224 du code pénal d’Allemagne) représentent toutes deux 29,4 % des procédures en 2022, soit au total 177 lésions corporelles. En 2023, leur part s’élève à 19,8 % avec un nombre total de 157 procédures. Les lésions corporelles simples représentent 10,7 % en 2023, les lésions corporelles dangereuses 9,1 %.
Les personnes accusées de délits queerphobes sont en grande majorité des hommes adultes âgés de 40 ans ou moins. Ce profil est légèrement moins marqué chez les victimes dont le parquet a recensé au total 1 730 pour les années 2022 et 2023. Elles étaient également de sexe masculin pour la plupart et majoritairement âgées de moins de 40 ans.
- Au total, 929 prévenu·e·s ont fait l’objet d’une enquête en 2022 et 2023. Il s’agissait majoritairement d’hommes (85,3 %) d’âge adulte (72,8 %), appartenant pour la plupart à la tranche d’âge jusqu’à 40 ans. Les auteur·e·s de délits contre l’orientation sexuelle faisant l’objet de poursuites par les autorités sont donc typiquement des jeunes hommes.
- 1 730 personnes lésées ont été comptées au cours de deux dernières années. La majorité d’entre elles sont également de sexe masculin (66,3 %) et appartiennent à la tranche d’âge des 21 à 30 ans (30,4 %).
- Les procédures contre inconnu·e ont généralement été classées après la fin de l’enquête (82,2 %). Les procédures dans lesquelles les personnes accusées étaient connues ont été classées dans 40,7 % des cas et, dans 13,2 % des cas, transmises à un autre service ou parquet. 16,4 % des procédures ont fait l’objet d’une demande d’ordonnance pénale, 13,5 % des procédures ont été jointes à une autre procédure et dans un peu plus de 100 procédures (14,1 %), le parquet de Berlin a pu engager des poursuites contre la personne accusée.
Attaques contre les Établissements de la communauté LGBTQIA+? Une nouvelle menace pour la société civile?
Outre les individus, les institutions et les lieux de la communauté queer sont également visés par les manifestations de violence queerphobe à Berlin, comme, par exemple les clubs et les cafés, les centres de formation et de conseil, les manifestations, fêtes et défilés. S’il n’existe pas de documentation systématique à ce sujet, des enquêtes font état d’un grand nombre d’agressions à différents niveaux d’escalade, à commencer par les appels téléphoniques « pour plaisanter » ou proférer des menaces jusqu’aux dommages matériels et attentats. La gestion de ces agressions peut représenter une charge considérable pour les établissements concernés, sans parler des dommages et des pertes financières occasionnées.
- Les institutions queer font état d’insultes homophobes par le biais d’appels téléphoniques et de messages électroniques. Pour faire face aux micro-attaques, les filtrages et sélections individuels servent souvent de mécanismes de protection. Compte tenu de l’effort impliqué, il y a parfois des réticences à porter plainte auprès de la police.
- Pour les institutions berlinoises, les campagnes de haine servent de « tactique d’usure » visant de manière ciblée leur soutien financier. Les attaques ciblées, tant dans les médias que dans l’espace public, suscitent l’insécurité parmi les employés et entraînent une surcharge de travail sensible en raison de la nécessité de gérer les « shitstorms ».
- De multiples dégradations matérielles, voire des attentats graves, portent atteinte au sentiment subjectif de sécurité au sein des établissements concernés. Ces attaques exigent un soutien émotionnel des employés et impliquent une charge financière et temporelle afin d’élaborer et de mettre en œuvre des concepts de sécurité.
- Pour les employé·e·s, l’exposition des établissements queer dans l’espace physique peut s’accompagner d’un risque accru d’agressions à leur encontre. Les actes de violence sur le lieu de travail requièrent, en plus d’une prise en charge émotionnelle, le recours à des équipes de remplacement, ce qui génère des coûts supplémentaires.
A Berlin, il existe différents fonds et services de soutien pour les institutions touchées par la violence haineuse. Parallèlement, la communauté queer et la solidarité de voisinage peuvent souvent répondre aux besoins des établissements concernés en offrant un soutien à l’échelle quotidienne. Les offres de conseil et d’accompagnement à bas seuil et le développement de concepts de protection intégraux restent des exigences clés.
- Pour surmonter les obstacles liés à la demande d’aides financières ou à l’engagement de procédures juridiques, il est souvent nécessaire de documenter concrètement les contenus anti-LGBTQIA+ (par exemple à l’aide de captures d’écran).
- Les expériences avec la police de Berlin sont diverses : du point de vue des établissements, il est utile d’avoir sous la main les numéros de téléphone des interlocutrices ou interlocuteurs directs ou de porter plainte en ligne.
- Le service de conseil mobile contre l’extrémisme de droite soutient les institutions queer dans l’élaboration de concepts de protection spécifiques, adaptés aux circonstances, qui englobent des mesures comportementales ainsi que d’aménagement de l’espace.
- Quelques exemples de mesures de protection de l’établissement et des employé·e·s : utilisation d’un autre identifiant que le nom réel afin d’éviter la visibilité dans l’espace numérique, blocage d’adresse conformément au paragraphe 51 de la loi sur la déclaration de domicile (BMG, Bundesmeldegesetz), installation de caméras et verre de sécurité, mais aussi organisation d’accompagnement pour les trajets vers le domicile ainsi que des équipes de remplacement.
- Les organes de soutien suivants sont disponibles :
1. CURA Opferfonds en cas de dommages matériels,
2. Le projet de coopération Gegenrechtsschutz pour les frais d’avocat et de procès,
3. Fonds zur Unterstützung von Betroffenen politisch-extremistischer Gewalt (Handlungsfeld Opferschutz) (fonds de soutien aux victimes de violence extrémiste politique, champ d’action protection des victimes) pour les mesures constructives de sécurité. - Les campagnes de solidarité et le soutien de voisinage sont une contribution essentielle à la gestion des dommages matériels, des agressions graves et de la violence physique envers les employées.
Hostilités croissantes envers la communaute LGBTQIA+ les perspectives des registres berliois
En complément des chiffres officiels, des institutions de la société civile fournissent des documentations constituant des sources indispensables pour l’évaluation de la violence queerphobe à Berlin. À ce jour, le recensement et la documentation par ces institutions ne sont pas coordonnés et ne font pas l’objet de critères harmonisés. Les registres berlinois intègrent toutefois dans leurs rapports, outre leurs propres résultats de recherche, des données provenant d’autres institutions, y compris queer, et ont ainsi développé une expertise croissante dans le domaine. Avec 466 incidents queerphobes, les cas ainsi recensés atteignent un niveau record en 2023. Selon ces registres, les incidents queerphobes sont plus graves que les incidents liés à d’autres phénomènes, et il s’agit souvent de ce que l’on appelle des attaques.
- Après une forte progression dans les années précédentes, les incidents anti-LGBTQIA+ recensés par les registres berlinois atteignent en 2023 un pic sans précédent. 466 incidents ont été documentés pour la seule année 2023.
- La nature des incidents anti-LGBTQIA+ diffère de celle des autres incidents recensés par les registres. Ils sont généralement beaucoup plus graves : dans 40,5 % des cas il s’agit d’agressions et dans 26,2 % des cas de menaces, d’insultes ou de grossièretés.
Les données des registres de la société civile corroborent différents aspects du tableau de la situation dont dispose la police. D’après les données des registres, les occurrences de violence anti-queer reflètent également la visibilité publique de la vie queer dans la ville et se concentrent donc clairement d’une part à certaines heures, d’autre part dans certaines zones, notamment dans les quartiers du centre-ville de l’ouest de Berlin. Les hommes sont souvent les auteurs de ces actes mais ils sont aussi largement représentés parmi les personnes concernées signalant les incidents.
- Les incidents anti-LGBTQIA+ sont nettement plus liés à la visibilité et aux activités dans l’espace public que les autres des incidents documentés par les registres : ils sont davantage perpétrés pendant les mois d’été, les week-ends et les heures tardives de la soirée ce qui n’est pas le cas pour d’autres incidents, ou du moins de manière moins prononcée.
- Si les incidents anti-LGBTQIA+ peuvent surgir à n’importe quel endroit ils se concentrent toutefois dans certaines régions, en comparaison à d’autres délits. On constate un nombre élevé d’incidents dans certaines zones du centre-ville (districts, quartiers) de la partie ouest de Berlin.
- Les quartiers de Mitte, Friedrichshain-Kreuzberg et Neukölln sont fortement touchés, les quartiers de Neukölln-Nord, Mitte et Schöneberg Nord sont les plus touchés.
- Les hommes sont largement sur-représentés (88 %) parmi les auteur·e·s d’incidents anti-LGBTQIA+, mais ils sont également les plus nombreux parmi les victimes. Les femmes ne représentent qu’une nette minorité des auteur·e·s. Les personnes de sexe divers ou non binaire sont clairement représentées parmi les personnes concernées mais pratiquement inexistantes parmi les auteur·e·s.
Discrimination et violence biphobe: expérience et gestion
Les personnes bi+ forment un groupe important au sein du spectre LGBTQIA+. Mais leurs identités, leurs orientations et leurs expériences sont encore souvent ignorées. Le déni d’une part et la dévalorisation de l’autre constituent les deux faces de la biphobie à Berlin. Les personnes bi+ vivent la discrimination et la violence dans tous les domaines de la société, y compris dans les communautés queer. Des manifestations d’hostilité spécifiques peuvent se mêler à d’autres formes de queerphobie, par exemple lorsque les personnes bi+ vivent dans des relations homosexuelles et lorsqu’elles sont également touchées par l’homophobie ou la lesbophobie.
- La violence à l’encontre des personnes bi+ peut être abordée par le biais des concepts de biphobie, d’hostilité envers les personnes bi+ et de monosexualité institutionnalisée qui reflètent des aspects importants du vécu des personnes interrogées.
- Invisibilité et déni d’une part, stigmatisation et stéréotypes de l’autre, se conjuguent et se concentrent, constituant ainsi le cœur de la biphobie.
- Le vécu et l’image de soi des personnes bi+ sont en outre marqués par la présence de biphobie au sein même de la communauté queer ainsi que, par intériorisation, chez les individus eux-mêmes.
- L’occultation de la bisexualité, c’est-à-dire l’expérience de la déthématisation, du déni, de l’ignorance, de la réinterprétation et de l’invisibilité de l’identité bi+, est un aspect essentiel du vécu de la biphobie.
La biphobie connaît différents visages et manifestations : aux dénis et méconnaissances viennent s’ajouter les insultes et agressions, ainsi que les projections et attributions de promiscuité et d’hypersexualité auxquelles sont surtout confrontées les personnes bi+ identifiées comme femmes. La biphobie intériorisée, c’est-à-dire l’adoption de modèles stigmatisants par l’individu même, et les doutes qui en découlent quant à la propre orientation (syndrome de l’imposteur) préoccupent également les personnes bi+. En termes de sécurité et de souhait d’appartenance, les expériences de biphobie au sein même des communautés queer sont particulièrement douloureuses.
- L’hostilité envers les personnes bi+ s’exprime de différentes manières. Elle est vécue sous la forme d’occultation de la bisexualité, d’hypersexualisation et de violence sexuelle, d’insultes et de ressentiments, d’agressions physiques ainsi que de biphobie internalisée.
- L’(hyper)sexualisation, en particulier chez les femmes, est très répandue et, de fait, liée à des taux élevés de violence sexuelle chez les personnes bi+.
- Les insultes et l’hostilité, notamment dans l’espace public, font partie du vécu de nombreuses personnes bi+ qui témoignent d’une tendance croissante. Alors que d’autres motifs queerphobes occupent souvent le premier plan, il y a aussi des incidents clairement liés à l’identité bi+ reconnaissable des personnes concernées.
- Les agressions physiques participent au vécu de la biphobie, même si elles sont moins fréquentes que dans le cas de la transphobie. Les personnes concernées observent dans le comportement des autres un sentiment d’insécurité qui peut être déclenché par un coming-out et éventuellement contribuer à une tendance accrue à la violence.
- L’intériorisation de figures de pensée et de stéréotypes biphobes se manifeste, par exemple, par une remise en question de la propre identité et de celle d’autres personnes bi+, ainsi que par une appropriation de modèles de perception contribuant à l’occultation de la bisexualité.
- Dans le cadre des entretiens menés pendant l’étude, la biphobie est évoquée dans différents contextes, notamment les communautés queer ou LGBTQIA+, les espaces publics et les transports en commun, les relations avec les proches et le dating, ainsi que les contextes médicaux et thérapeutiques.
- De nombreux témoignages font état de biphobie au sein même des communautés queer. Dans de tels contextes, les expériences d’occultation de bisexualité, de discrimination et de violence sont parfois ressenties comme particulièrement incisives par les personnes bi+ et peuvent conduire au retrait des espaces queer.
La biphobie est vécue dans des contextes variés. Elle se manifeste dans l’espace public mais ne se limite pas à celui-ci. Les situations intimes et privées comme, par exemple, les rencontres ou les relations romantiques, ainsi que les contextes psychothérapeutiques peuvent également être vécus comme biphobes. Les expériences de dévalorisation perturbent le développement personnel et le bien-être individuel et peuvent retarder un coming-out volontaire. Les services de conseil et de soutien queer à Berlin sont largement connus et sollicités par la communauté. Ce sont toutefois les groupes d’entraide et l’activisme qui sont souvent les premières sources de soutien et d’encouragement.
- Pour les personnes bi+, les espaces publics et les transports en commun sont également des lieux d’agressions telles que l’hostilité, les insultes et la violence physique et, par conséquent, source d’un sentiment de sécurité souvent limité. Les personnes concernées estiment que la motivation des agressions dont elles sont victimes est à la fois hostile aux personnes bi+ et hostile aux personnes queer en général.
- Dans le contexte de dating et de relations amoureuses, les personnes bi+ font l’expérience de rejet, de stigmatisation et aussi de violences physiques liés au coming-out et à d’autres thématisations de leur identité, qu’elles attribuent en partie à une profonde insécurité chez leur interlocuteur ou leur interlocutrice.
- Les expériences d’occultation de la bisexualité dans le contexte de la psychothérapie sont également mentionnées. Les préjugés et le manque de sensibilisation de la part des thérapeutes entravent l’accès des personnes concernées à un traitement thérapeutique approprié.
- Les expériences de biphobie constituent un obstacle à une approche ouverte et confiante de la propre identité sexuelle. Les coming-outs sont souvent retardés et accompagnés d’émotions et de réflexions complexes. La majorité des personnes interrogées estime qu’en se positionnant avec assurance en tant que bi+, elles sont mieux à mêmes de gérer les incidents et agressions biphobes.
- L’activisme et les groupes de soutien sont des facteurs clés pour aider les personnes bi+ à faire face à la discrimination et à la violence ainsi qu’à renforcer leurs ressources sociales et psychiques. À cet égard, les relations informelles et les groupes de discussion en ligne et hors ligne jouent un rôle important pour de nombreuses personnes concernées au cours des différentes étapes de leur biographie.
- Le réseau berlinois des centres d’information et de conseil de la société civile est largement connu et de nombreuses personnes y ont eu recours. Un centre d’accueil issu de la communauté bi+, adapté à la thématique et aux besoins spécifiques des personnes bi+, fait partie des desiderata pour beaucoup. Parmi les personnes bi+ comme dans l’ensemble de la communauté queer, il existe différents points de vue sur la police.
Propagation et non-dénonciation de la discrimination et de la violence BIphobe à Berlin
La présente édition du Monitoring de la violence queerphobe comprend une enquête standardisée auprès de personnes bi+ sur les expériences de discrimination et de violence à Berlin. La plupart des personnes interrogées résident à Berlin et leur moyenne d’âge est inférieure à celle de l’ensemble de la population berlinoise. Le niveau d’éducation est plus élevé que pour l’ensemble de la population, et la part des répondant·e·s se définissant comme hommes cis était relativement faible.
- La grande majorité des répondant·e·s (91,2 %) vivent à Berlin, peu de personnes sont originaires d’autres grandes villes et encore moins de petites villes, voire de zones rurales.
- L’âge moyen des participant·e·s est inférieur à celui de l’ensemble de la population de Berlin. Près des deux tiers (64,0 %) des personnes interrogées ont moins de 35 ans, contre environ 40 % de la population berlinoise. Étant donné qu’aucun enfant ou adolescent n’a participé à l’enquête, l’écart avec la population générale est particulièrement marqué dans la tranche d’âge des 18 à moins de 35 ans.
- Les personnes interrogées ont en moyenne un niveau d’éducation formelle nettement plus élevé que l’ensemble de la population de Berlin. Quatre cinquièmes des personnes interrogées (80,8 %) ont le baccalauréat ou un diplôme d’enseignement supérieur tandis que leur part s’élève à environ la moitié seulement pour le reste de la population.
- Quant à l’identité de genre, deux cinquièmes des répondant·e·s (43,1 %) se définissent comme femmes cis, environ un quart comme non binaires (26,7 %) ou queer (24,1 %). Seule une petite partie des personnes interrogées se définit comme hommes cis (16,4 %), les appartenances multiples étant explicitement autorisées.
- Avec quatre cinquièmes (80,0 %), la plupart des répondant·e·s définissent leur orientation sexuelle comme bisexuelle, mais une part importante se définit également comme queer (44,0 %) ou pansexuelle (33,6 %), en sachant que les réponses multiples étaient autorisées.
Les personnes bi+ apprécient Berlin pour la liberté d’expression personnelle qu’offre la ville. Toutefois, ces espaces de liberté varient fortement selon les domaines sociaux, et se situent notamment dans les lieux privés et au sein des communautés queer. De nombreuses personnes bi+ pensent qu’on les identifie comme queer et qu’elles sont donc exposées aux mêmes risques. Bien que les personnes bi+ ne se sentent pas toujours pleinement reconnues dans les contextes queer, ces structures occupent une place importante dans l’organisation de leur vie, y compris sous forme d’engagement personnel.
- Pour de nombreuses personnes bi+, Berlin offre des possibilités de vivre ouvertement leur orientation sexuelle. Plus de quatre cinquièmes des personnes interrogées (83,2 %) vivent leur sexualité de façon totalement ou plutôt ouverte. En ce sens, l’image de Berlin en tant que capitale arc-en-ciel correspond à une réalité empirique tangible.
- Le vécu ouvert et public de l’identité bi+ varie fortement en fonction des domaines de la vie. Les cercles étroits d’amis et de famille ou les lieux queer offrent à beaucoup une grande liberté d’expression. Au travail, dans le domaine académique ou éducatif, les lieux de loisirs ou au sein de leur voisinage, de nombreuses personnes bi+ se montrent moins ouvertes.
- De nombreuses personnes interrogées partent du principe qu’elles sont visuellement identifiables comme queer : pour plus d’un quart d’entre elles (28%), c’est systématiquement le cas, et donc de manière similaire aux personnes trans+. Ainsi, les risques d’agression, de discrimination et de violence liés à la visibilité queer peuvent également toucher les personnes bi+.
- Pour de nombreuses personnes bi+, la présence de structures queer est importante pour leur mode de vie. Plus de la moitié (56,8 %) y accordent une (très) grande importance. Un tiers (32,8%) s’engage pour les intérêts des personnes LGBTQIA+ ou bi+. Les entretiens qualitatifs révèlent toutefois que si la communauté queer constitue souvent un recours, il existe également des expériences ambivalentes de rejet en tant que bi+ dans les communautés queer.
Si de nombreuses personnes bi+ se sentent en relative sécurité à Berlin, elles sont toutefois confrontées à un risque d’agressions queerphobes, la moitié des personnes interrogées se dit même (très) fortement confrontées. C’est pourquoi nombre d’entre elles se sentent obligées d’adapter leur comportement en faisant preuve de prudence, de retenue et de discrétion. À cet égard, les personnes éprouvent fréquemment un sentiment de non-appartenance et d’invisibilité de la propre identité.
- Dans l’ensemble, le sentiment subjectif de sécurité est assez répandu chez de nombreuses personnes bi+ à Berlin. Près de la moitié des personnes interrogées se sentent très en sécurité (8,0 %) ou en sécurité (40,0 %) face aux agressions queerphobes. Le nombre de ceux et celles qui, en revanche, ne se sentent pas vraiment en sécurité (15,2 %), voire pas du tout en sécurité (6,4 %) est nettement inférieur.
- Le risque d’agressions queerphobes est cependant fortement perçu par les personnes interrogées : de très nombreuses personnes interrogées se disent très préoccupées (14,4 %) ou préoccupées (36,8 %) par la possibilité d’agressions queerphobes. Au total, plus de la moitié des personnes interrogées (51,2 %) se sentent concernées.
- Les craintes d’agressions queerphobes se mêlent aux craintes d’agressions spécifiquement biphobes. Ces dernières sont un peu moins répandues : un tiers des répondant·e·s se dit fortement ou très fortement préoccupé·e·s par des craintes d’agressions explicitement biphobes.
- La crainte d’agressions a des conséquences sur le comportement : près des deux tiers des personnes interrogées (63,2 %) observent attentivement les personnes de leur environnement. Beaucoup d’entre elles sont prudentes lorsqu’elles échangent des tendresses (40,0%), optent pour des vêtements plus discrets (37,6%) ou cachent les accessoires et signes distinctifs arc-en-ciel (36,0%).
- Parmi les expériences négatives décrites par les personnes bi+, les sentiments d’invisibilité et de non-appartenance sont particulièrement répandus. Deux cinquièmes des personnes interrogées (39,2%) éprouvent souvent ou très souvent de tels sentiments, presque toutes (88,0%) les éprouvent du moins rarement.
- Dans le vécu subjectif, la biphobie peut se mêler à d’autres formes de discrimination. De très nombreuses personnes indiquent notamment avoir (très) souvent (45,6 %) ou occasionnellement (25,6 %) fait l’expérience de sexisme et de misogynie.
De nombreuses personnes bi+ ont fait l’expérience d’agressions, la moitié des personnes interrogées au cours des cinq dernières années (51,2 %), et nettement plus d’un tiers (39,2 %) au cours des douze derniers mois seulement. Les personnes bi+ sont touchées à la fois par des agressions queerphobes et biphobes, les actes queerphobes étant majoritaires. Il s’agit presque toujours de remarques désobligeantes et d’insultes, mais aussi de menaces et d’agressions physiques. En outre, les sollicitations ou les discours sexualisés occupent une place importante. L’espace public est le théâtre le plus fréquent d’agressions biphobes et il est cité par presque toutes les personnes concernées. Plus de la moitié des personnes interrogées mentionnent également l’espace numérique, une minorité également des lieux queer.
- La moitié des personnes bi+ interrogées (51,2 %) ont été victimes d’agressions queerphobes au cours des cinq dernières années, et nettement plus d’un tiers (39,2 %) au cours des douze derniers mois.
- Un cinquième des agressions (21,9 %) étaient à caractère explicitement biphobe. Cela signifie qu’au total, un dixième de toutes les personnes interrogées (11,2 %) déclarent avoir été victimes d’agressions spécifiquement biphobes au cours des cinq dernières années.
- Force est de constater que les personnes bi+ sont touchées par deux formes d’agression et de violence : les agressions queerphobes en général et les agressions biphobes en particulier. Subjectivement parlant, ce n’est pas tant la motivation des agresseurs qui est déterminante à cet égard mais le vécu de la personne bi+.
- Les personnes interrogées ayant subi des agressions citent en grande majorité, ne serait-ce que comme incident rare, les remarques désobligeantes, les regards appuyés et la médisance (95,4 %) ainsi que les insultes, les menaces verbales ou physiques (81,3 %).
- Pour les personnes bi+ concernées par les agressions, une forte prévalence d’avances sexuelles est typique de la LGBTQIA+phobie. La proportion élevée de personnes bi+ qui ne font pas seulement rarement (28,1 %), mais (très) souvent (31,3 %) ou occasionnellement (15,6 %) l’expérience d’agressions sexuelles indique en même temps un risque particulièrement prononcé pour ce groupe de personnes.
- L’espace public (rues, parcs, places, etc.) (87,6 %) et les transports en commun (78,1 %) sont de loin les lieux les plus souvent cités par les personnes concernées. Il s’avère donc que ces contextes peu structurés et peu formalisés, propices aux rencontres éphémères, sont des cadres particulièrement répandus d’expériences d’agressions.
- Outre l’espace public physique, Internet et les médias sociaux sont également des lieux d’agressions importants. Plus de la moitié des personnes interrogées (54,7 %) les citent au moins comme lieux de délits rares.
- Si les lieux queer ne sont certainement pas les lieux d’insécurité prédestinés, il faut néanmoins prendre en compte une part non négligeable de personnes concernées par des agressions qui y ont vécu (très) souvent (9,4 %) ou occasionnellement (15,6 %) des expériences négatives, soit une personne concernée sur quatre.
Les victimes d’agressions biphobes disposent en général de preuves concrètes pour les motivations hostiles, par exemple des insultes typiques dans trois quarts des cas. Les personnes bi+ sont exposées aussi bien à des agressions queerphobes qu’à des agressions spécifiquement biphobes. Souvent, les motifs queerphobes sont mêlés à d’autres aspects, notamment le sexisme et la misogynie.
- Les victimes d’agressions anti-LGBTQIA+ ou biphobes peuvent, en grande majorité, prouver à l’aide d’indices clairs que les incidents ne sont pas survenus par hasard mais sur fond de motifs et d’attitudes hostiles. Trois quarts des incidents (75 %) dont le souvenir est particulièrement marquant, ont été accompagnés d’insultes hostiles à l’égard des personnes LGBTQIA+.
- Les agressions sont dirigées contre des personnes bi+ pour des motifs à la fois LGBTQIA+-phobes en général et biphobes en particulier, et il n’est pas rare que ces deux motifs se superposent dans la vie quotidienne. Ainsi, une personne interrogée sur dix (11,2 %) déclare avoir été victime d’agressions spécifiquement biphobes, ce qui correspond à une personne sur cinq (21,9 %) des personnes agressées. Près de deux fois plus de personnes bi+ interrogées — à savoir un cinquième de toutes les personnes interrogées (20,8 %) et deux cinquièmes des personnes concernées par des agressions (40,6 %) — déclarent en revanche avoir été perçues comme lesbiennes ou gays.
- Selon les personnes concernées, d’autres aspects que les motifs anti-LGBTQIA+ jouent un rôle dans près de deux tiers des incidents (62,5 %). A ce propos, les dévalorisations sexistes et misogynes, citées par la moitié des victimes (51,6 %), sont particulièrement pertinentes. D’autres aspects de l’identité sexuelle sont également souvent cités. En revanche, les dimensions discriminatoires comme le racisme, l’antisémitisme, le classisme ou le capacitisme sont moins répandues.
Berlin est-elle la capitale arc-en-ciel d’un pays arc-en-ciel? La LGBTQIA+-phobie en allemagne en comparaison européenne
L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne apporte une importante contribution aux données d’observation sur la discrimination et la violence queerphobes. Près de 100 000 personnes ont participé à la troisième édition de son enquête LGBTQIA+ en 2023. L’étude montre que les personnes LGBTQIA+ peuvent généralement vivre plus ouvertement en Allemagne que dans d’autres parties de l’Union européenne. Si les expériences de discrimination sont aussi répandues en Allemagne que dans l’UE, elles accusent néanmoins un recul depuis quelques années, comme dans l’ensemble de l’UE.
- L’enquête LGBTQIA+ de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne en est aujourd’hui à sa troisième édition, les derniers sondages ayant été conduits en 2023. Près de 100 000 personnes des États membres de l’UE y ont participé.
- La conception de l’enquête à l’échelle de l’UE permet de comparer la situation en Allemagne avec celle d’autres pays de l’UE ainsi qu’avec la moyenne de l’UE.
- Une vie ouverte en tant que personne LGBTQIA+ est clairement plus envisageable en Allemagne qu’en moyenne dans d’autres pays de l’UE. En Allemagne, 60 % des personnes interrogées déclarent vivre de manière très ouverte, contre seulement 51 % en moyenne dans l’UE.
- Les expériences de discrimination liées à l’identité LGBTQIA+ sont aussi répandues en Allemagne qu’en moyenne dans les autres pays européens. En 2023, plus d’un tiers des personnes interrogées (Allemagne : 38 %, UE : 37 %) ont indiqué avoir fait l’expérience de discrimination dans au moins un domaine de vie au cours de l’année précédant l’enquête.
- En Allemagne comme pour la moyenne des pays de l’UE, les actes de discrimination ont suivi une évolution à la baisse au cours des dernières années, et ce dans une mesure similaire. Alors qu’en 2019, 44 % des personnes interrogées en Allemagne ont fait état de telles expériences, elles n’étaient plus que 37 % en 2023.
Les personnes LGBTQIA+ en Allemagne sont un peu plus nombreuses que dans l’UE à déclarer des expériences de harcèlement et de violence. Ces expériences sont également plus fréquentes et se sont répandues par rapport à la dernière édition de l’enquête de 2019. Les cas de harcèlement, de menaces et de blessures dans le milieu scolaire sont particulièrement frappants et ont fortement progressé : 70 % des répondants en font actuellement état.
- Les répondants allemands sont un peu plus nombreux que la moyenne européenne à faire état d’expériences de harcèlement et de violence anti-LGBTQIA+, les écarts étant toutefois modérés. Plus de la moitié des personnes interrogées ont déclaré avoir été harcelées au cours de l’année écoulée (Allemagne : 57 %, UE : 54 %). Largement plus d’une personne interrogée sur dix déclare avoir été agressée physiquement ou sexuellement au cours des cinq dernières années en raison de son identité LGBTQIA+ (Allemagne : 16 %, UE : 13 %).
- Contrastant avec la baisse des expériences de discrimination, les incidents de harcèlement et de violence se sont multipliés ces dernières années en Allemagne comme dans le reste de l’UE. A cet égard, on constate en Allemagne une progression de 23,1 % entre 2019 et 2023.
- En Allemagne, tout comme pour l’ensemble de l’UE, la situation est particulièrement dramatique en milieu scolaire. Les cas de harcèlement, de menaces et de blessures y sont non seulement très répandus, mais ils ont également augmenté de manière frappante au cours des dernières années. Plus de deux tiers des personnes interrogées (Allemagne : 70 %, UE: 67 %) disent avoir vécu de telles expériences négatives dans le courant de l’année 2023.
- En accord avec le Landeskriminalamt de Berlin (police judiciaire), un nouveau système d’interrogation a été mis en place afin de refléter le nombre réel d’incidents recensés et d’éviter ainsi les doubles saisies dues aux recoupements de champs thématiques. Les chiffres du Monitoring diffèrent donc en partie de ceux publiés par la police de Berlin. ↩︎